Le rapport de séance que vous lisez constitue, en vérité, mon tout premier dépoussiérage de notre campagne Tianxia. Il attendait sagement que je finisse les résumés des séances précédentes avant que je ne le publie et c'est une joie de pouvoir enfin le libérer de ma liste de brouillons. Peut-être le signe que les suivants tomberont plus régulièrement ? On ne peut que l'espérer. Quoiqu'il en soit, la campagne commence enfin avec "Révolution au Palais", premier scénario fort en émotions de cette épopée qui a marqué la carrière rôlistique de bien des joueurs. Compte-rendu.

Ce résumé, ainsi que tous les autres, révèlent des passages importants de la campagne "Tianxia", conçue, éditée et publiée dans le commerce par les éditions du 7ème Cercle. Ne lisez pas ce qui suit si vous souhaitez la jouer du côté des PJ.



Suite à la victoire des loyalistes durant le siège Quzhi, nos fiers héros ramènent la preuve de leur succès au Chanyu. Le soldat Sun, quant à lui, connaît un sort un peu différent : il se trouve déjà à Xianyang depuis quelques temps, où il sert Lu Buwei en qualité de garde. Le destin va bientôt tous les réunir dans la capitale du Qin.


Personnages présents

  • Liu Mei Shan, espionne négociante
  • Sun Keng Wai, soldat ambitieux
  • Tian Zaisheng, noble mohiste
  • Zhang Wu-Lin "Flocon de Neige", jeune taoïste

La séance

Retournés à Yanshan, Liu Mei Shan, Tian Zaisheng et Zhang Wu-Lin assistent au mariage de Xoa et de Mok Shi Tung avant de préparer leur voyage en direction de Xianyang. Au moment de partir, ils retrouvent le débonnaire Petit Profit, apparemment revenu à la cité de Mok Shi Minh pour assister à la fête. L'honnête marchand ayant dores et déjà visité une bonne partie des montages du Zhao, il comptait plutôt retourner au Chu en passant par le Qin. C'est donc sans surprise que le groupe se mêle à celui de Petit Profit pour faire marche en direction de Xianyang, la capitale du Qin, où les Bouchers de Quzhi ont été cordialement invités par le premier ministre en personne. Le trajet n'est guère difficile : les plaines du Qin sont abondamment sécurisées. Deux mois après avoir triomphé à Quzhi, le groupe fait son entrée à la capitale du royaume.

De son côté, Sun Keng Wai se trouvait déjà à Xianyang depuis quelques temps. Après avoir sauvé la vie du premier ministre et du général Tchen Qi, il fut convié à servir de garde au "Palais du Cheval" - le palais de Lu Buwei. Là-bas, il put drainer quelques informations : c'est notamment ainsi qu'il découvrit que son protecteur n'était plus exactement dans les bonnes grâces du Roi et de ses proches, et que le Ministre des Lois Li Si s'avançait comme une étoile ascendante prête à éclipser le vieux marchand. La vie du soldat Sun commençait à devenir sérieusement trop calme lorsque Lu Buwei lui annonce que ses amis "les Bouchers de Quzhi" étaient en route pour la capitale, mais qu'il ne serait malheureusement pas là pour les recevoir.

Keng Wai en profite alors pour accueillir ceux qui furent, pour une courte durée, ses compagnons d'infortune. A peine les héros avaient-ils mis les pieds dans la ville que dores et déjà leur réputation les avait précédés : un scribe indiscret, du nom de Jiang Lu, s'immisce dans leur discussion pour leur demander une entrevue afin d'écrire leur mémoire et d'immortaliser leur récit. Remettant cet honneur à plus tard, le groupe rejoint la demeure de Lu Buwei, où ils sont accueillis en héros. On leur prépare des quartiers de luxe, et les voilà libres de vivre comme des princes aux frais du Premier Ministre. Quelques jours plus tard, le fameux Jiang Lu vient réitérer sa proposition au palais du cheval. N'ayant plus guère que cela à faire, les Bouchers de Quzhi acceptent l'invitation. Arrivés chez lui, ils commencent à lui narrer leurs exploits : Liu Mei Shan explique les événements qu'ils ont vécu depuis un an, en commençant par le sauvetage de Mok Shi Minh à Nao, jusqu'à leur arrivée à Yanshan, leur implication dans le sauvetage de la princesse Xiongnu Xoa et l'assassinat du prince. Ce n'est qu'à la fin de son récit que les Bouchers apprennent une information troublante, de la bouche du scribe : Quzhi a été entièrement rasée et tous ses habitants exécutés, au contraire de la requête que les héros avaient adressée à Lu Buwei. Aigris par cette nouvelle, ils s'interrogent sur les personnes qui pourraient profiter de ce génocide, ainsi que sur les moyens de rétablir la vérité en ce qui les concerne. Leurs soupçons se portent naturellement sur le Ministre des Lois, concurrent principal de Lu Buwei. Une optique qui ne les enchante guère. Réunis dans une auberge discrète du quartier marchand, les désormais célèbres "Bouchers de Quzhi" se mettent d'accords pour rechercher des informations, sans rien tenter de concret tant que le premier ministre ne sera pas de retour et qu'il n'aura pas regagné la confiance de la cour.

Pendant près de 10 mois, les héros font mine de vaquer à leurs occupations quotidiennes, tout se renseignant délicatement. Sun Keng Wai étudie sans relâche l'art du commandement et les stratégies militaires, dans l'espoir d'égaler, un jour peut-être, son illustre ancêtre qu'il considère avec un certain dédain. Liu Mei Shan apprend à se servir d'une épée, tout en scrutant le quartier des docks à la recherche d'une piste concernant la cour. Accompagnée de Guo Ts'ai-Ja, elle joue de certains contacts marchands et ouvriers pour obtenir des informations intéressantes. À priori, le ministre Li Si ne serait pas directement impliqué dans l'affaire de Quzhi : il semblerait plutôt qu'un homme de la délégation du Qi ait étrangement oeuvré pour la mise à mort de tous les habitants de la cité. Bao Du - car tel est son nom - habite à l'autre bout du quartier noble et la rumeur lui prête un tempérament suspicieux et paranoïaque.

Gongji, "Coq Flamboyant", est un membre des Sacrés du Ciel. Ce groupe de bretteurs légendaires fait la fierté du Chu. Gong Ji est actuellement en poste en tant que garde du corps de l’ambassadeur du Chu à Xianyang. Copyright Éditons du 7ème Cercle

Dans le quartier noble, Tian Zaisheng rencontre un des fameux Sacrés du Ciel. Féru d'arts martiaux, l'homme, du nom de Gongji, propose à Tian de participer à un tournoi amical auquel toutes les fines lames de la cité se mêlent - toutes, à l'exception du gouverneur Chao Guang qui refuse de participer à ce genre de futilités. Tian y fera bonne impression en empochant la seconde place, derrière Coq Flamboyant qui n'en est visiblement pas à sa première victoire. Par égard pour son talent, Gongji acceptera d'enseigner au mohiste une de ses techniques martiales favorites, que Zaisheng avait déjà pu observer en oeuvre auprès de Guo Ts'ai-Ja. Après avoir entendu parler de Bao Du, Tian Zaisheng profite de son statut de frère du Roi du Qi pour obtenir une audience auprès de l'ambassadeur. Malheureusement pour lui, ledit ambassadeur - un certain Xie Jeng - n'est en fait qu'une sorte de mauvaise blague du Qi envers le Qin. Un général revêche, grossier et constamment ivre, connu pour avoir passé plus de temps dans les prisons de Linzi que sur le champ de bataille. L'esprit embrumé, Jeng croit discuter avec un prince du Qi et lui offre toutes les informations qu'il peut au sujet de son fonctionnaire Bao Du, mais il semble ne pas en savoir beaucoup.

Enfin, Flocon de Neige fait connaître autour d'elle sa ferveur taoïste, dans le but d'attirer l'attention de San Bai-Hu, l'ambassadeur du Wei. Ses tentatives sont couronnées de succès, puisqu'un soir, un homme de la délégation du Wei l'amènera jusqu'à lui. Celui-ci lui se déclare prêt à servir de chaperon dans les études de Flocon de Neige, à condition que cette solidarité entre taoïstes lui rapporte également quelque chose : il aimerait être tenu au courant de ce qui se passe à la cour, d'autant que Flocon de Neige et les Bouchers de Quzhi seront amenés à y jouer un rôle important. La jeune taoïste accepte le marché et débute, quelques semaines plus tard, ses études d'alchimie externe auprès d'un maître qui n'a visiblement pas volé sa réputation.

Un an après la victoire à Quzhi, les Bouchers se sont faits à Xianyang. Ce n'est qu'alors que la véritable histoire commence...

Certaines rumeurs voudraient que Lu Buwei soit en chemin vers Xianyang. L'affaire qui l'avait retenu si longtemps à l'extérieur semble avoir été réglée. Serait-ce un signe que le séjour des Bouchers dans le Palais du Cheval touche à sa fin ?
Après une énième soirée dans le grand Palais du Cheval, les héros s'en vont dans leur quartier. Soudain, quelques bruits résonnent dans la cour. Des hommes visiblement armés, à en juger par les bruits métalliques qu'ils propagent, pénètrent à l'intérieur de la demeure du premier ministre. Un des serviteurs de Lu Buwei, apeuré, s'en va chercher rapidement les Bouchers de Quzhi et les mène dans la cour. Sur place, ils aperçoivent une poignée d'hommes vêtus d'armures noires renforcés aux effigies du Qin. Leur équipement porte à croire qu'il s'agit de la garde prétorienne. Mais leur présence est masquée par celle de deux hommes, visiblement des fonctionnaires. Le premier semble jeune, sans doute une vingtaine d'années. Il est vêtu d'un chang pao raffiné et luxueux. Le second doit avoir une vingtaine d'années de plus : son visage rigide et sévère ne laisse transparaître que peu d'émotions.

Jeune Roi du Qin depuis ses 14 ans, Ying Zheng a été plus ou moins éduqué par le régent Lu Buwei à la mort de son père, le roi Zichu. Désormais âgé de 21 ans, il n’attend plus que de passer la cérémonie qui officialisera sa prise de pouvoir sur le royaume. Cependant, le Premier Ministre Lu Buwei ne semble pas aussi pressé que lui. Copyright éditions du 7ème Cercle

Aux premiers coups d'oeil, les héros reconnaissent en cette seconde personne le ministre des Lois Li Si. Malheureusement, ils n'arrivent pas à identifier le jeune homme, à l'exception de Wu-Lin qui s'incline aussi bas que possible en le saluant. Par respect de l'étiquette, tous emboîtent le pas.

Le jeune homme prend la parole. Il demande aux héros s'ils sont bel et bien les fameux "Bouchers de Quzhi" dont on lui a tant parlé. Flocon de Neige lui répond avec déférence¹, révélant de fait l'identité de son interlocuteur : il s'agit du Roi du Qin en personne. Répondant par l'affirmative, les héros se voient incongrument ordonnés de se bander les yeux, avant d'être accompagnés par les gardes dans un luxueux pavillon. Là, d'aimables serviteurs leur apprennent que le Roi et le Ministre des Lois les rejoindront bientôt et qu'en attendant, ils sont invités à profiter de tout ce qui se trouve sur place. Liu Mei Shan renouvelle sa garde-robe en faisant main basse sur un chang pao magnifique, entraînant à son tour Flocon de Neige dans sa coquetterie. Sun Keng Wai se choisit une poignée de servantes pour lui tenir compagnie pendant qu'il se régale du banquet. Liu Mei Shan et Wu-Lin en font un peu de même, pendant que Tian Zaisheng les observe se délecter avec sourire. Tous profitent du bon temps. Les heures passent, personne ne vient.

Li Si. Ministre des Lois et chef du Censorat du Qin, Li Si est un philosophe légiste venu du Chu. Il porte un regard ambitieux vers la place de Premier Ministre, actuellement occupée par son mentor, Lu Buwei. Copyright Éditions du 7ème Cercle

Soudain, la table se renverse, bloquant de fait maître Tian, Sun Keng Wai et une servante. Cinq hommes s'étaient dissimulés en-dessous et préparaient visiblement un mauvais coup. La lame au clair, ils tentent vainement de s'en prendre aux héros. Après que l'un d'entre eux eut été blessé par Wu-Lin, ils tentent de se replier. Zaisheng, craignant pour la sécurité du roi et du ministre, ne les laisse pas faire et en interpelle. L'assassin, maladroit, trébuche et envoie sa lame voler dans un mur : Zaisheng profite du mouvement pour lui trancher le tendon. Ce combat inopiné prend soudainement fin sur ce fait, alors que des applaudissements déplacés se font entendre.

Li Si et le Roi sortent de l'ombre. Ils avaient assisté à la scène. Le Roi leur explique qu'il devait de les tester afin de vérifier s'ils étaient bien les héros dont son régent lui avait parlé. Il demande ensuite à chacun des Bouchers de lui dire quelle est la chose qui, à leurs yeux, est la plus importante. Il s'adresse d'abord à Zaisheng, qui répond "l'harmonie". Il se tourne ensuite vers Mei Shan, qu'il confond avec Wu-Lin. Alors que dame Liu hésite à reprendre Sa Majesté pour lui indiquer son erreur, elle croise le regard noir et désapprobateur de Li Si : le Roi ne commet jamais d'erreur. Mei Shan se contente alors de répondre à la question. Pour elle, la chose la plus précieuse est la connaissance. Flocon de Neige choisit l'équilibre. Enfin, Keng Wai lui répond à son tour : de chaque chose au monde, il chérit avant tout l'avenir.

Mettant enfin un terme à son manège, le Roi révèle enfin ce qui lui tient le plus à coeur : la paix. Il continue, déclarant qu'il entend bien la propager sur le monde, grâce à l'unification du Zhongguo en un Empire paisible où chacun pourra vivre sans avoir peur de la guerre. Avouant qu'il ne pourra pas réaliser cet exploit seul, il a besoin de héros - des héros tels que les Bouchers de Quzhi. Aussi souhaite-t-il les voir rejoindre le Censorat et oeuvrer pour le Qin. À ce stade, il est évident pour les héros qu'ils ne peuvent refuser, aussi acceptent-ils sans condition cette "invitation". Visiblement satisfait, le Roi les met immédiatement au courant de leur première mission. Le Marquis de Changxin - l'eunuque Lao Ai, qu'ils avaient déjà rencontré à Quzhi - est soupçonné de ne pas être un véritable eunuque. Sa Majesté souhaite infirmer ou confirmer cette rumeur. Sur ces énoncés, le Roi quitte ses nouveaux agents, pressé par quelques affaires royales qui ne peuvent attendre.

Le Ministre des Lois, désormais seul avec le groupe, leur conseille de se trouver de nouvelles identités qui leur permettraient de voyage au sein de la cité royale sans attirer les soupçons - car ils se trouvent bel et bien dans la cité royale, dans le pavillon de feu le prince Cheng Jiao. Il prend alors également congé, en expliquant qu'un subalterne viendra quérir leurs propositions d'identités le lendemain. Les héros se retrouvent seuls dans le pavillon. Ils y passeront la nuit, à réfléchir à leurs nouvelles identités. Voilà que Nao leur semble bien loin...


  1. En présence du Roi, il était de coutume de parler de soi-même à la troisième personne. "Le serviteur de Sa Majesté est heureux de vous recevoir".

Toutes les images présentes dans ce résumé proviennent des livres publiés par le 7ème Cercle.