Cinquième séance de la campagne, le 19 mai 2007. Le groupe se remet du départ de quatre de ses sept membres à la suite d'un différend concernant le nombre de joueurs qu'une campagne de ce type peut accueillir. Dans l'attente de remplaçants, nous continuons donc l'histoire avec Cheng Minh, Liu Mei Shan et Tian Zaisheng. Et quelle histoire, puisque nous entrons enfin dans le vif du sujet : le double scénario "La Prisonnière du désert | Le Prince félon" fait office d'introduction à la campagne Tianxia. Tout commence en douceur par une promenade dans le désert...



Personnages présents

  • Cheng Minh, "Le Serpent"
  • Liu Mei Shan
  • Tian Zaisheng

Préambule

Après dix jours de repos bien mérités, notre groupe de héros rencontre quelques difficultés de cohésion. Main Apaisante, encore sous le choc de ses démêlés avec Lo May, décide de rester à Hungo dans l'espoir de la revoir. Ciu Wang souhaite rejoindre l'administration de la cité pour y faire valoir ses connaissances sans commune mesure en matière d'administration. Quant à Panda Assoiffé, il disparaît mystérieusement au petit matin. Ce ne sont plus que Liu Mei Shan, Tian Zaisheng, Cheng Minh et le soldat Lu qui reprennent la route en direction d’Yanshan.

Déroulement de la séance

Lentement mais sûrement, l'hiver touche à sa fin. Si la neige reste  présente, les courants d'eau commencent à se libérer de leur prison de glace et à dévoiler leur puissance. Dans les cités, les ruelles sont enfin praticables sans crainte de chuter. Pour compenser leur nombre restreint, nos héros décident d'engager des mercenaires afin de renflouer leurs rangs. Pendant que Liu Mei Shan s'en va acheter des marchandises à revendre, Tian Zaisheng tend l'oreille (la seule qui fonctionne encore) aux rumeurs concernant d'éventuelles expéditions vers Yanshan.

Le Vieux Soldat. Visiblement déserteur, ce vieux soldat tenta de rejoindre le groupe avant de se frotter à un refus peu explicite. Copyright Koei Ltd

Dame Liu cherche à se procurer de l'alcool à l'auberge des Quatre Soeurs, où la tenancière propose de lui céder cinq bouteilles pour 250 daos. Outrée par ce prix excessif, Mei Shan parvient à négocier un tarif plus doux de 200 daos pour les cinq : rien de tel que quelques explications sur l'aspect prohibitif des taxes du Zhao pour convaincre un vendeur de céder.
De son côté, Tian Zaisheng entend parler d'un soldat proche de la retraite, désireux de quitter la ville. Qu'à cela ne tienne, notre Mohiste va se renseigner auprès de la garnison de la cité. Les gardes lui indiquent ladite personne : un vieux vétéran grossier aux manières rustres, dont les motifs semblent passablement obscurs. On pourrait le soupçonner de vouloir déserter. Réalisant qu'un homme pareil n'augure rien de bon, Zaisheng refuse poliment la proposition et s'en retourne à l'auberge.

Pendant ce temps, Cheng Minh émerge. Ces derniers jours ne l'ont guère épargné. Le teint pâle, il sort du dortoir et rencontre enfin Tian Zaisheng. Autant dire que les deux hommes ont des visions opposées sur de nombreux sujets...
Nos trois héros discutent des prochaines étapes du voyage lorsqu'un étrange individu les interrompt : un jeune homme coiffé d'un bandana vert et dont l'allure semble trahir quelques aisances dans l'art du combat. Il déclare vouloir pérégriner avec eux, ce qui ne peut qu'enchanter le groupe. Le départ est programmé pour le lendemain matin. Sur ce, le mercenaire se retourne et s'en va. Cheng Minh le suit ; il se rend dans une auberge voisine de qualité relativement humble. Rien de suspect. Plus tard dans la soirée, le fameux soldat proche de la retraite profite de son tour de garde pour faire irruption dans l'auberge et tente à nouveau de convaincre Zaisheng de l'accepter. Le Mohiste, rusé tel le renard, feint de mordre à l'hameçon et lui donner rendez-vous dans deux jours à midi. Visiblement bluffé, le soldat s'en retourne à ses obligations. Cheng Minh, quant à lui, vérifie qu'il n'a pas perdu ses talents de larron. Il entre dans une ruelle sombre et subtilise la bourse d'un jeune bourgeois éméché, sans éveiller les soupçons. Content de lui, le Serpent rentre à l'auberge et se couche en prévision de la difficile journée qui l'attend.

Petit Profit. Copyright Koei ltd

Au petit matin, les héros se réveillent et cherchent l'individu au bandana qui se trouve à la porte, fidèle à son engagement. Fort de cinq personnes, le petit groupe prend ainsi la route, pour le meilleur et pour le pire. Il faudra attendre quelques heures de marche avant que leur nouveau compagnon de voyage accepte de dévoiler son nom : Guo Ts'ai-Ja.  Des semaines durant, ils dorment dans des relais miteux et traversent tant bien que mal plaines, forêts et canyons, jusqu'à découvrir une large rivière dont le pont s'est brisé. Le groupe est bloqué, rebrousser chemin prendrait trop de temps. Heureusement, les Cieux leur ont offert de la compagnie : un marchand et ses deux acolytes font face au même problème. Le marchand, petit et rondelet, engage immédiatement la conversation avec Liu Mei Shan. Tous deux comprennent vite qu'il serait dans leur intérêt de mettre leurs ressources en commun, aussi leurs groupes fusionnent-ils. Tian Zaisheng prépare les plans nécessaires à la répartition du pont, pendant que Cheng Minh et les deux acolytes du marchand s'occupent de la coupe du bois. Le petit homme à la compagnie agréable se surnomme "Petit Profit". Difficile de savoir s'il ne s'agit que d'une façade, mais l'honnêteté transpire par tous les ports de sa peau.

Guo Ts'ai-Ja. Copyright Koei ltd

À la nuit tombée, tous se réunissent sous une tente, où Tian Zaisheng convie Petit Profit à une partie de wéiqí¹. Il faut dire que notre Mohiste brûlait d'envie d'essayer cet antique plateau de wéiqí bien préservé qu'il avait déniché, par hasard, dans les réserves du marchand. Ce dernier, inculte en la matière, relève le défi et remporte la partie, à la surprise générale. Gêné, il cède le plateau de jeu et ses pièces pour 6 misérables daos, en guise d'excuses, ce que Zaisheng s'empresse d'accepter. Après un rapide coup d’œil sur la marchandise, Mei Shan identifie formellement son matériau : de l'ivoire, un bien rarissime, voire introuvable dans le nord du Zhongguo.

Le Serpent reste dubitatif quant à la prétendue naïveté de Petit Profit. Subtilisant au passage quelques bijoux pour sa peine, il fouille sa marchandise et y découvre un nombre important de reliques anciennes probablement déterrées dans des tombeaux que toute personne honnête épargnerait. Minh suspecte néanmoins les deux assistants du marchand, Fu et You, d'organiser ces pillages à l'insu de Petit Profit, pour leur propre compte.

Le lendemain, Fu et You finissent de réparer le pont, pendant que Tian Zaisheng et Guo Ts'ai-Ja échangent quelques passes d'armes. Ts'ai-Ja remporte la première : bien que rapide, Zaisheng est pris de vitesse par la lame du mercenaire. Celle-ci semble briller de mille feux alors qu'elle glisse d'une main à l'autre, défaisant sans mal la défense du Mohiste qui peine à comprendre d'où l'attaque va surgir. Interrogé sur cette impressionnante manœuvre, Ts'ai-Ja déclare simplement qu'il s'agit du "Style de l'Épée céleste de la Foudre". La deuxième passe d'armes est remportée par Tian Zaisheng ; misant tout sur la vitesse, il parvient à briser la défense de son adversaire avant qu'il ne réitère sa prouesse. Impossible de conclure ces échanges sans une belle, afin de déterminer qui, des deux bretteurs, est l'aîné. Cette  manche finale est gagnée de justesse par Zaisheng : sa lame est plus rapide, Ts'ai-Ja parvient à la bloquer quelques secondes, mais sa riposte ne suffit pas. Le Mohiste dévie l'attaque et frappe une dernière fois, touchant le mercenaire au bandana. Satisfaits, les deux guerriers se saluent respectueusement, se promettant d'échanger quelques techniques martiales à l'occasion.

Mok-Shi Minh. Copyright Koei ltd

Après des semaines de marche, nos héros arrivent à leur destination. Leur pression ne manque pas de chuter alors qu'ils s'aperçoivent de la situation : en guise de muraille, un simple amas de terre. En son centre, des bâtiments en ruines, abandonnés à la poussière. Certaines maisonnettes plus récentes sont bâties à même les murs des anciennes constructions qui formaient  la cité d’Yanshan, dans un capharnaüm architectural qui confine à l'insulte aux règles du Fengshui. Au milieu de la "cité" se trouvent la caserne, un grand enclos hébergeant désormais un marché permanent et les bureaux du Magistrat - Mok-Shi Minh - qui ne diffèrent en rien des autres modestes demeures. Celui-ci accueille chaleureusement les aventuriers, qu'il convie à un succulent repas dans le seul bâtiment encore impressionnant à Yanshan : l'auberge de la Croisée des Chemins.

Mok-Shi Minh profite du souper pour raconter l'histoire d’Yanshan : il y a de cela une génération, la cité bouillonnait d'activité et servait de carrefour entre les territoires des Xiongnu et le Zhongguo. Malheureusement, après qu'un incident diplomatique majeur ait embrasé la région, les Xiongnu la mirent à sac en représailles. Quelques rares survivants se souviennent encore de ce jour qui a définitivement marqué leur mémoire et depuis, plus personne ne s'est préoccupé de l'endroit. Mais Mok-Shi Minh, délégué gouverneur suite à un complot, a finalement trouvé sa raison de vivre : rendre à Yanshan sa gloire d'antan et en faire le symbole d'une nouvelle entente entre les barbares et le Zhao. Il a d'ailleurs prévu le mariage de son fils, Mok-Shi Tung, et de la fille du chef d'une tribu Xiongnu - une certaine Xoa. La fête aura lieu dans deux jours, d'où une recrudescence d'activité dans le village.

Déjà habitués aux caprices du destin, nos Wuxia sentent que quelques individus malintentionnés pourraient saisir l'occasion pour causer du trouble, aussi proposent-ils leurs services pour assister les préparatifs. Mok-Shi Minh peine à retenir sa surprise quant à cette offre généreuse : après moult remerciements, ils leur donne une liste de tâches qui nécessitent leur aide. Notre petit groupe s'y atèle dès le lendemain.

Sze, le vieillard. Copyright Koei ltd

Au petit matin, Tian Zaisheng se rend à la garnison pour y proposer son aide, en qualité d'expert Mohiste. Il se ravise bien vite lorsque le soldat Lu l'informe d'une nouvelle embarrassante : Wan Yei, le jeune chef de la garnison, voue une haine féroce aux siens. Zaisheng préfère alors cacher son insigne de terre cuite, preuve de son appartenance à la secte des Mohistes, avant de rencontrer le commandant Wan. Celui-ci se montre rassurant, louant la rigueur de ses hommes. Selon lui, la garnison n'a pas besoin d'aide extérieure. Zaisheng quitte le bureau sceptique. Il tente d'évaluer les défenses de la cité par lui-même, mais son entrevue avec Wan Yei l'a déstabilisé au point de faire vaciller son jugement : le mur de terre ne sera pas suffisant pour bloquer une charge, mais la ville pourrait-elle vraiment mettre en place une autre solution dans l'optique d'une attaque ? Il ne sait même pas combien d'hommes sont disponibles en cas de crise. Perdu dans ses doutes, il finit par apercevoir un groupe d'enfants qui martyrise un vieil homme, non loin de là. Notre mohiste n'hésite pas une seconde avant de sermonner les enfants. Lorsque ceux-ci quittent les lieux, les joues et les oreilles rouges de honte, leur victime se relève péniblement, en rejetant comme un malpropre toutes les tentatives de son sauver pour l'y aider. Une journée pourrie pour Zaisheng, dont nul ne veut l'aide. Il finit par trouver quelqu'un qui ne rechigne pas à recevoir un coup de main : le Fangshi de la cité, rompu à l'art du fengshui, écoute poliment ses suggestions quant à la reconstruction de Yanshan.

Pendant ce temps, Liu Mei Shan se mêle à gente féminine de la cité. La maladresse constante dont elle est victime lui vaut quelques regards condescendants, mais cette humiliation lui rapporte néanmoins des ragots de valeur. Entre autres, elle entend parler de Sze, un vieil homme assez détesté dans le village, qu'on traite comme du pus sans que personne ne l'explique vraiment.

Que fait Cheng Minh, l'incorrigible vaurien à la lame affûtée ? Il décide de faire la tournée des auberges - non pour assouvir une quelconque passion pour la boisson, mais bien pour prêter l'oreille au bas peuple dans le dessein de mieux comprendre qui pourrait vouloir faire échouer le rapprochement entre les Xiongnu et le Zhao. Force est de constater que la haine envers les barbares du Nord anime encore bien des habitants, à tel point qu'elle pourrait servir de moteur pour un acte désespéré. Interrogé à ce sujet, Mok-Shi Minh rajoute également que des royaumes voisins pourraient voir d'un mauvais œil les bonnes relations du Zhao avec les Xiongnu.

Lorsque la soirée tombe, le groupe se retrouve à l'auberge : une occasion propice au partage de leurs trouvailles. Zaisheng et Mei Shan concluent que Sze n'est autre que la personne secourue par notre valeureux Mohiste, tant les deux descriptions semblent correspondre. Au milieu de la discussion, les Wuxia s'interrompent lorsqu'ils aperçoivent un Mok-Shi Minh nerveux, assis à une table seul avec sa boisson. Interrogé sur ses soucis, le Magistrat répond qu'il a été convoqué en tant que témoin dans un procès à la capitale du district, l'empêchant d'accueillir en personne la délégation Xiongnu à Yanshan. Il craint qu'envoyer les villageois à sa place ne mette le feu aux poudres, tant la xénophobie est toujours forte dans la population. Cheng Minh se laisse aller à un sursaut d'altruisme, bientôt suivi par ses camarades : ils se portent volontaires pour rencontrer les barbares et les ramener à la cité saints et saufs. Décidément, la naïveté désarmante du Magistrat est un argument de persuasion bien efficace !


Durant ses vagabondages nocturnes dans les "ruelles" de Yanshan, le Serpent assiste à un étrange spectacle ; une silhouette maigrelette épie un groupe de paysans affairés aux préparatifs du mariage. Un vieil homme crasseux, à priori, au regard mélancolique. Intrigué, Cheng Minh décide de le suivre jusqu'à la frontière de la cité, traversant la motte de terre qui lui sert d'enceinte. Mais là, arrivé au bas de la muraille d'infortune, Minh perd sa cible de vue. Un hurlement hystérique le rappelle à ses sens : le vieil homme l'a doublé et le menace de son bâton, il exige des explications sur cette filature impromptue. Le Serpent bredouille de bien ridicules justifications - il cherche son chat disparu - mais le mensonge ne prend pas. Avouons que l'assassin souffre d'un manque de crédit prégnant, avec ses airs de voyageurs pouilleux. À court d'arguments sur son félin, notre héros tente une seconde approche. Il déclare haïr les Xiongnu et souhaite trouver de l'aide pour leur tendre un piège. Là encore, le mensonge ne prend pas, si bien qu'il se trouve finalement forcé d'avouer la vérité. Apparemment imperturbable, le vieil homme - Sze - lui demande alors de quitter les lieux et de ne plus le suivre. Cheng Minh acquiesce, pour mieux revenir quelques minutes plus tard. Cette fois-ci, il se dissimule avec élégance derrière une des poutres qui composent la maison de fortune de Sze. Ce qu'il y découvre restera un mystère, mais le lendemain, Cheng Ming, persuadé que Sze prépare un mauvais coup, prévient la garde de son pressentiment. Celle-ci se montre encline à enfermer le vieux Sze pour toute la durée du mariage. Après tout, semble-t-il, ça ne serait pas la première fois qu'il visite la prison.

Fin prêts à partir, le groupe, composé de Tian Zaisheng, Liu Mei Shan, Cheng Minh et Guo Ts'ai-Ja, quitte la cité de Yanshan pour le nord lointain. Les dernières collines disparaissent au profit d'un long désert de pierre et de roche. La troupe laisse derrière elle des nuages de poussière qui stagnent des heures durant. La faible température, l'air sec et saturé, tout semble fait pour créer un inconfort permanent durant le trajet. Finalement, nos Wuxia atteignent le fameux "Grand Rocher" qui sert de lieu de rendez-vous.

Et là, personne !

Le Serpent grimpe sur le rocher et observe. L'horizon est vide, lui aussi. Trente minutes passent. Puis une heure. Puis deux. Puis trois. Tout ceci ne laisse rien présager de bon.
Soudain, Guo Ts'ai-Ja avertit le groupe qu'il a repéré quelque chose : un cavalier trace dans leur direction, au loin. Au lieu d'un cavalier, il s'agit en fait d'un cadavre, vainement accroché à sa monture qui se braque devant le Grand Rocher. L'homme, un Xiongnu, est criblé de flèches. Zaisheng déduit qu'il s'agit là de matériel provenant du Zhongguo. Puisque la trace de fumée qu'a laissé le cheval est toujours visible, les héros remontent sa piste jusqu'à tomber sur les lieux d'un massacre sans nom : une vingtaine de cavaliers Xiongnu et leurs montures gisent sur le sol. Certains agonisent encore, l'un d'entre eux meurt même dans les bras de Liu Mei Shan après avoir balbutié quelques mots incompréhensibles. Parmi les cadavres, le groupe remarque également la présence de trois originaires du Zhongguo - des soldats du Zhao, à en croire leur équipement. Tian Zaisheng tente d'imaginer la scène : selon lui, les agresseurs auraient surpris leurs victimes, les accablant d'abord de flèches pour abattre leurs montures, avant de les exécuter au sol. Une technique qui demande du talent et de l'organisation. Une trace de fumée part dans la direction opposée à celle qu'ont emprunté nos héros, un indice à explorer pour retrouver les meurtriers.

Image d'ambiance. Copyright éditions du 7ème Cercle

Alors qu'ils traversent le désert, les Wuxia pénètrent dans un canyon qui se resserre petit à petit autour d'eux. Les murs, érodés par les années, sont coupants comme la lame d'une Jian. La nuit commence à tomber. De plus, le vent souffle de plus en plus fort. Si fort que la poussière commence à voler, à former une véritable tempête. Par chance, Zaisheng remarque une petit cavité dans laquelle ils pourraient se réfugier. Relativement grande et obscure, elle relaie l'écho oppressant d'un vent qui va et vient, témoin d'une absence de sortie à l'autre bout. N'écoutant que son courage, Cheng Minh explore l'endroit. A tâtons, il découvre quelques boyaux. Il met le feu à un torchon fixé sur une épée, puis avance prudemment dans les trois boyaux de la grotte. Le premier boyau s'arrête sans aiguiser l'intérêt de l'intrépide Serpent. Dans le deuxième, cependant, Cheng Minh se sent mal à l'aise. Ressortant rapidement, il invite ses camarades à visiter avec lui le dernier boyau. Tian Zaisheng est alerté par son sixième sens : quelque chose les attend en embuscade au sortir du boyau. Il se camoufle alors dans l'ombre, laissant ses compagnons retourner sur leurs pas. De l'obscurité surgit alors une créature humanoïde noire, dotée de deux paires de trois bras. Le Serpent, rapide comme l'éclair, projette par réflexe un de ses poignards qui atteint sa cible, mais la créature monstrueuse ne semble pas affectée. Elle pousse un cri bestial avant de se jeter sur Liu Mei Shan, qui parvient à éviter le coup. Guo Ts'ai-Ja saute sur le mur et se propulse pour se positionner derrière la créature. Tian Zaisheng se fraie un chemin et l'attaque, mais le corps du démon se transforme en fumée avant de se rematérialiser. Comble de la surprise, Cheng Minh révèle un magnifique Dao noir et taillade le monstre. L'arme fait effet, à en croire le cri de douleur strident de la créature. Liu Mei Shan s'engouffre dans la brèche avec ses aiguillons mortels, mais là encore, il ne sert à rien de s'acharner : tout porte à croire que seule l'opportune lame peut l'atteindre. Zaisheng, désirant se faufiler derrière le monstre, fait preuve d'une maladresse sans nom ; d'un mauvais jeu de coudes, il trébuche et emporte Liu Mei Shan et Cheng Minh dans sa chute. Heureusement, d'un geste leste, Guo Ts'ai-ja récupère le Dao noir d'une main avant d'occire la créature maléfique qui explose en une multitude d'épines. Deux d'entre elles se plantent dans le Serpent et Tian Zaisheng, avant de fondre en eux comme du magma bouillant.

Lorsque la tension retombe, un conflit éclate entre Ts'ai-Ja et Cheng Minh. Le mercenaire exige de savoir où le Serpent a trouvé cette lame noire. Celui-ci refuse de lui répondre et le somme de la lui rendre, ce que Guo refuse. Cheng Minh rétorque, excédé, que ce Dao provient de la cargaison de Petit Profit. Suspicieux mais bon prince, Ts'ai-Ja lui remet l'arme avant de s'occuper ses blessures. Nos aventuriers profitent du calme relatif de la grotte, apparemment déserte, pour se reposer. Au petit, il reprennent leur chemin, non sans constater que la tempête a pris fin. Plus étrange encore : des cadavres de soldats du Zhao garnissent les parois du canyon. La tempête a dû les projeter en contrebas. Tian Zaisheng déduit qu'ils étaient là en embuscade, pour couvrir la retraite de leurs compagnons. Les traces ayant été balayées par la tempête, nos héros contemplent la possibilité de rentrer à Yanshan pour avertir la cité des derniers événements. C'est Ts'ai-Ja qui se dévoue pour y aller, laissant le soin aux autres de continuer leur route au nord.

Lorsqu'ils émergent du canyon, les Wuxia se rendent compte que les traces sont à nouveau visibles. Très logiquement, Liu Mei Shan en déduit que la tempête n'aurait sévi qu'à l'intérieur du canyon, mais cette explication relève du contre-nature. Après avoir combattu une créature cauchemardesque, cette optique leur semble cependant plus que raisonnable. Des heures de marche plus tard, une forêt de bambous prend le relais sur le désert, rendant les traces impossibles à pister. Tian Zaisheng propose de ressortir des bois et d'embraser un feu afin d'alerter les éventuels Xiongnu des environs, pendant que Cheng Minh assure la vigie en se dissimulant parmi la végétation ; il pense que des groupes de barbares sont être à la recherche de leur princesse à l'heure actuelle. Le destin lui donne raison, puique quelque minutes plus tard, des bruits de galop résonnent dans le désert. Sept cavaliers Xiongnu surgissent à l'horizon et encerclent promptement le petit groupe. Leur chef, un grand homme bien bâti, descend de sa monture et leur jette une corde pour qu'ils se ligotent d'eux-même en signe de capitulation. Zaisheng et Mei Shan obtempèrent, non sans avoir exprimé leurs intentions pacifiques. La discussion engagée, le chef des Xiongnu prend la parole et s'exprime dans la langue du Zhao : il cherche Xoa et exige des explications sur les meurtres de ses camarades. Zaisheng tente de les convaincre qu'il s'agit là d'un malentendu parfaitement indépendant de la volonté de Mok Shi Minh, que celui-ci serait ravi de les aider à faire justice. Liu Mei Shan l'appuie. Quant au Serpent, il se révèle tardivement en lâchant un "Moi aussi" nonchalant qui alerte les barbares du nord. Ceux-ci, visiblement mécontents d'avoir été abusés, vont quérir Minh et le ligote à son tour, avant d'emmener les captifs vers la forêt. Là, ils font montre d'un talent largement supérieur à celui de nos Wuxia, en détectant des signes de passage récents dans les bambous. Ils suivent la piste jusqu'à découvrir un fortin, occupé par des soldats du Zhao. Depuis la forêt, le groupe hétéroclite observe la situation : deux groupes de cinq soldats se relaient à la garde. Ils semblent bien se connaître, leurs manières de vétérans ne laissent aucun doute sur l'ampleur de leur talent. Bon stratège, Tian Zaisheng déduit qu'une attaque directe n'est pas la bonne solution et envisage diverses possibilités pour pénétrer à l'intérieur du fortin et sauver la princesse - si tant est qu'elle soit là. La nuit commence à tomber. Nos héros vont bientôt devoir attaquer.

Dans l'ombre, quelqu'un les a suivi. Ils ne savent pas encore de qui il s'agit, mais ils ne tarderont pas à le découvrir...


  1. Appellation chinoise du Go

Les illustrations des personnages viennent du jeu "Romance of the Three Kingdoms 10", par Koei ltd. L'image d'ambiance appartient aux éditions du 7ème Cercle.